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Poésies Françaises au cours des siècles
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Mouvements poétiques - Les Lumières

Le mot "Lumières" désigne métaphoriquement le mouvement intellectuel qui caractérise le dix-huitième siècle européen : illuminismo en italien, ilustración en espagnol, Aufklärung en allemand évoquent semblablement le passage de la nuit au jour, de l'obscurantisme à la connaissance rationnelle, qui marque cette époque décidée à secouer tous les jougs qui pesaient jusque-là sur les peuples.

En France, le mot "mouvement" semble plus approprié qu'ailleurs puisque, fédérés par l'Encyclopédie, les philosophes ont conjugué leurs efforts pour proposer une refonte générale de l'entendement au nom d'un attachement commun aux valeurs de la bourgeoisie montante - mérite, travail, libre entreprise - encouragées par le modèle idéal du despote éclairé.
Venus d'horizons différents, ils peuvent varier sur certains aspects de la vie sociale, mais leur accord résonne dans le cri de guerre entendu par Condorcet : raison, tolérance, humanité.
C'est au nom de cette dernière en effet que se déploie toujours le zèle des encyclopédistes, et nos quatre textes veulent en donner l'illustration : tant sur le plan de la connaissance que sur celui de la vie morale, les philosophes sont animés par leur considération pour le genre humain et par leur foi dans sa marche vers le progrès.

Née en 1748 du projet de Diderot de traduire la Cyclopædia de l'anglais Ephraïm Chambers (1728) pour l'éditeur Le Breton, l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers a l'ambition de faire l'inventaire des acquisitions de l'esprit humain et de favoriser la diffusion de la philosophie des Lumières.
Voltaire résume ainsi son histoire : "Le siècle passé a mis celui où nous sommes en état de rassembler en un corps, et de transmettre à la postérité le dépôt de toutes les sciences et de tous les arts, tous poussés aussi loin que l'industrie humaine a pu aller; et c'est à quoi a travaillé une société de savants remplis d'esprit et de lumières. Cet ouvrage immense et immortel semble accuser la brièveté de la vie des hommes.
Il a été commencé par MM. Diderot et d'Alembert, traversé et persécuté par l'envie et l'ignorance, ce qui est le destin de toutes les grandes entreprises" (Le siècle de Louis XIV).
L'ouvrage est certes un dictionnaire, mais offre surtout une critique raisonnée des savoirs, dont chaque article, par le système des renvois, souligne l'unité.
Il leur adjoint aussi pour la première fois les arts mécaniques, que onze volumes de planches permettent de découvrir.
L'Encyclopédie est ainsi le meilleur témoignage sur l'esprit des Lumières, où se conjuguent l'appétit de savoir, la liberté de pensée et la nécessité de douter.

Les codes de bienséance et de sociabilité établis au siècle précédent se sont aisément inscrits dans le nouveau décor de la vie intellectuelle au XVIIIème siècle : si les salons, les clubs et les cafés ont remplacé la Cour, on exige toujours en effet de l'honnête homme les mêmes vertus.
"L'homme n'est point un monstre qui ne doive vivre que dans les abîmes de la mer ou au fond d'une forêt, écrit Dumarsais; les seules nécessités de la vie lui rendent le commerce des autres nécessaire et dans quelque état où il puisse se trouver, ses besoins et le bien-être l'engagent à vivre en société.
Ainsi la raison exige de lui qu'il étudie et qu'il travaille à acquérir les qualités sociables." (Article Philosophe).
C'est la raison qui, ici encore, est garante de la probité : pour l'homme privé comme pour le monarque, que les philosophes ont tous rêvé sous la forme du "despote éclairé", l'amour du genre humain est une véritable mystique.

"Aucun homme n'a reçu de la nature le droit de commander aux autres", écrit Diderot (Article Autorité politique, Encyclopédie).
Si l'esprit des Lumières souffle en faveur de la démocratie, c'est au nom de cette recherche de la légitimité du pouvoir, que les philosophes ont trouvée dans le concours que l'on peut apporter au bien public.
A vrai dire, de sérieuses nuances les divisent sur ce point, et l'on chercherait vainement chez la plupart la volonté de confier ce pouvoir au peuple.
C'est bel et bien pour elle-même que la bourgeoisie philosophique convoite ce droit de commander, qu'elle souhaite réserver en toute équité à ceux que distingue le mérite.
Il suffit néanmoins que ce dernier se définisse par la conscience de l'intérêt général pour qu'il constitue l'arme la plus offensive contre les privilèges et l'absolutisme.

L'amour du genre humain, qui marque les Lumières, ne peut manquer de s'accompagner de la plus grande confiance dans son génie et dans ses progrès.
Les contacts de plus en plus étroits avec d'autres civilisations ont pu susciter, il est vrai, quelques doutes quant au bien-fondé des valeurs occidentales et à leur supériorité.
Mais si le mythe du bon sauvage a séduit certains d'entre eux (on pense à Rousseau et au Diderot du Supplément au voyage de Bougainville), la plupart des philosophes du siècle sont animés par la conviction qu'un "amour de l'ordre anime en secret le genre humain" (Voltaire, Essai sur les mœurs) et que l'effort vers la civilisation est inscrit dans la nature. Leur matérialisme et leur scientisme les incitent d'ailleurs à apercevoir dans les phénomènes naturels ce même ordre dont l'homme ne saurait s'excepter.


Claude Adrien Helvetius

Claude Adrien Helvetius


Condorcet

Condorcet


Beaumarchais

Beaumarchais



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Voltaire