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Poésies Françaises au cours des siècles
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Mouvements poétiques - La Pléiade

Le mot Pléiade, dans le sens que nous lui connaissons, a été employé d'abord vers 1563 par les Protestants pour tourner en dérision l'arrogance des jeunes disciples de l'humaniste Jean Dorat constitués en Brigade.
Ronsard se plut en effet, en 1553, à élire sept d'entre eux, et leur nombre n'était pas sans évoquer la Pléiade mythologique des sept filles d'Atlas changées en constellation, et surtout la Pléiade des sept poètes alexandrins du IIIème siècle avant Jésus-Christ.

A vrai dire, cette Brigade constitue moins une école qu'un groupe, d'ailleurs variable, fédéré par la même volonté de rénover les formes poétiques :
Ronsard, Du Bellay, Jean-Antoine de Baïf (1532-1589), condisciples au collège de Coqueret, constituent son «noyau dur».
Venus du collège de Boncourt, s'y agrègent en 1553 Étienne Jodelle (1532-1573) et Jean de La Péruse (1529-1554), remplacé en 1554 par Rémy Belleau (1528-1577)
Plus lointainement (ils appartiennent à l'école lyonnaise), s'y associent Pontus de Tyard (1521-1605) et Guillaume des Autels (1529-1581); ce dernier sera remplacé en 1555 par Jacques Peletier du Mans (1517-1582). Enfin, en 1583, cette place est attribuée à Jean Dorat pour honorer son magistère.
La Pléiade se caractérise par un souci de variété dans l'inspiration qui lui fait privilégier l'exploration de différents genres : à côté d'une libre imitation des Anciens, les poètes se nourrissent d'influences modernes qu'ils mettent au service d'une langue neuve, volontiers érudite, et de mythes antiques savamment revisités (voyez notre corpus sur l'Inspiration mythologique au XVI° siècle).
Ces jeux poétiques ne sauraient faire oublier cependant la hauteur de la mission assignée à la poésie : influencés par le néoplatonisme, les poètes de la Pléiade y voient l'émanation d'une « fureur divine » qui place au-dessus du commun cette figure du poète en mage inspiré dans laquelle Ronsard se reconnaîtra le premier.

Le souci majeur de la Brigade, élevée sous l'égide de l'helléniste Jean Dorat, est de faire reculer le «Monstre Ignorance» par la diffusion de la culture antique.
Conscients de la nécessité d'enrichir la langue française, ces jeunes poètes voient dans l'imitation des Anciens une possibilité d'intégrer des formes nobles délaissées par le Moyen Age et d'enrichir le vocabulaire.
Mais ce dogme de l'imitation touche aussi les modernes, néo-latins ou italiens, et prend soin de se démarquer d'une simple servilité.
C'est qu'Émile Faguet a appelé "innutrition" cette assimilation personnelle des sources livresques.

Les manifestes poétiques abondent chez les membres de la Pléiade.
Ce souci de codification répond à l'anarchie des formes et des genres du Moyen Age, mais correspond aussi à la volonté de définir une place nouvelle pour le poète.
Loin du courtisan, familier des fêtes et des récréations princières, celui-ci est invité à un travail dont la Pléiade a souligné l'aridité : « Qui veut voler par les mains et bouches des hommes doit longuement demeurer en sa chambre; et qui désire vivre en la mémoire de la postérité doit, comme mort en soi-même, suer et trembler maintes fois» (Du Bellay Défense, II, III).

La Pléiade fut une école exclusivement littéraire.
Si la satire politique, voire un certain engagement, ne sont pas absents de l'œuvre de Ronsard ou de Du Bellay, ce n'est qu'au terme d'une maturation personnelle qui leur a fait mesurer le caractère un peu artificiel et maniériste des exercices et variations poétiques auxquels les membres de la Brigade s'adonnent de préférence.
L'influence de Pétrarque est ici déterminante, qui offre un modèle perpétuellement renouvelé de déclaration amoureuse : recherches rares, expressions difficiles, traits d'esprit brillants (les concetti) orientent l'écriture vers une préciosité dont le siècle suivant se souviendra.
Avec le temps, tous ces jeux apparurent un peu faux et engagèrent nos poètes vers un souci d'authenticité .

A l'école de Platon, les poètes de la Pléiade ont eu un haute idée de leur mission et les pages ne manquent pas, notamment chez Ronsard, où l'on note une fière confiance dans leur génie.
Inspiré par un souffle divin, le poète est déjà le «suprême savant» dont parlera Rimbaud, et aussi celui qui parvient à la Connaissance au prix d'une ascèse solitaire.
Au-delà du Romantisme, qui voudra inscrire le poète dans la Cité, c'est au Parnasse et au Symbolisme que font songer certains vers de Ronsard adressés au poète .
Les membres de la Pléiade entrent dans une logique de rupture avec leurs prédécesseurs, ils rompent avec la poésie médiévale et cherchent à exercer leur art en français (« la poésie doit parler la langue du poète »3).
Ils constatent cependant que la langue française est pauvre et non adaptée à l’expression poétique et décident de l’enrichir par la création de néologismes issus du latin, du grec et des langues régionales.
Ils défendent en même temps l’imitation des auteurs gréco-latins dans le but de s’en inspirer pour pouvoir les dépasser. Ils imposent l’alexandrin, l’ode et le sonnet comme des formes poétiques majeures et abordent les quatre principaux thèmes de la poésie élégiaque : l’amour, la mort, la fuite du temps et la nature.
La Pléiade participe au développement ainsi qu'à la standardisation du français et joue un grand rôle dans l’œuvre de « l’illustration de la langue française », dans la renaissance littéraire.

Pierre de Ronsard

Pierre de Ronsard


Joachim du Bellay

Joachim du Bellay


Jacques Peletier du Mans

Jacques Peletier du Mans


Rémy Belleau

Rémy Belleau


Antoine de Baïf

Antoine de Baïf


Pontus de Tyard

Pontus de Tyard


Étienne Jodelle

Étienne Jodelle


Jean Dorat

Jean Dorat